UN BEAU CHEMIN

Ce roman est le  récit du périple de l’auteur sur le chemin de Compostelle, au départ quand on m’a prêté ce livre je me suis dit que ça  n’allait pas être forcément  être mon style de lecture car Compostelle à part mes vagues réminiscences sur le pèlerinage du Moyen- âge  ça ne m’attirais pas vraiment. J'avais un peu peur d'un récit ennuyeux mais ça n'a pas du tout été le cas.

Rapidement dès les premières lignes l’auteur réussi à nous embarquer dans son aventure avec ses préparatifs,  ses hésitations, ses rencontres, son lâcher prise au fil de la marche. Il nous fait comprendre que cette aventure au départ commencée comme un intermède est devenu de plus en plus importante et une véritable révélation sur lui-même.  Le besoin de solitude, d’espace pour planter sa tente, la découverte des autres, de la dimension spirituelle et plus universelle au fur et à mesure des km est intéressante.

Il y a de très belle description de paysage, j’ai aimé son analyse sur le fait qu’il ne pouvait plus se défaire du chemin et d’aller au bout de sa marche, ses descriptions pittoresques des autres pèlerins et des différents types de pèlerins  sont très savoureuses (entre le touriste, le huppé, le sportif ou le  pouilleux, le sincère).  Le contraste qu’il révèle de notre époque entre monde hyper connecté, stations touristiques laides et inhabitées, routes et la pauvreté ou l’isolement de certains chemins. La beauté et la sauvagerie de la mer, de certains paysages ou de ruines sont bien retranscrites.

On se laisse guider par sa voix, comme une histoire au coin du feu et on se dit quelle idée de partir se mettre dans cette galère, on s’interroge sur ce chemin est-ce une métaphore de la vie ?

Les portraits de personnages rencontrés amusants, son évolution physique et morale sont bien croqués, on se laisse emmener avec lui sur le chemin, son rythme tantôt lent ou plus rapide et on accompagne son cheminement intérieur.  La beauté des paysages, du plaisir de la solitude, de l’émerveillement envers la nature, de réussir à surmonter la fatigue, la douleur rythment les pages de sa vision de Compostelle.

 Il y a aussi une critique de la société de consommation une fois arrivée à Compostelle et des pièges à touristes,  le retour au monde matérialiste et à la réalité. Il fait référence au passé, à la dimension spirituelle de ce voyage mais  elle est discrète et il insiste surtout sur le fait qu’il donne sa vision et c’est ce qui m’a plu. J’avais un peu peur d’un cours de morale ou de clichés religieux mais ce n’est pas le cas et son style est très agréable à lire.

Quelques extraits pour terminer

Le pèlerinage est  un voyage qui soude ensemble toutes les étapes de la croyance humaine, de l’animisme le plus polythéiste jusqu’ ‘à l’incarnation du Verbe. Le chemin réenchante le monde. »

« Je ne saurais pas expliquer en quoi le chemin agit et ce qu’il représente vraiment. Je sais seulement qu’il est vivant qu’on ne peut rien  en raconter, sauf le tout, comme je m’y suis employé. Mais, même  comme cela, l’essentiel manque et je le sais. »

Si vous avez besoin d’une petite pause et d’un récit introspectif, lisez ce récit de voyage, agréable, drôle et intéressant, il vous fera le plus grand bien. A votre tour de suivre le Chemin de Jean Christophe Rufin à Compostelle.