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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
31 décembre 2014

2014: littérature japonaise découverte le vent se lève , nouvelles du plateau et l'âme de Kôtarô : poétique et émouvant

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Le vent se lève de Tatsuo Hori

Ce court roman c’est une petite parenthèse, une pause et une bulle d’oxygène dans notre monde à 100 à l’heure. Il s’intitule Le vent se lève et fait écho au long poème de Paul Valery le cimetière marin, on y retrouve aussi mention du Requiem de Rilke de belles références littéraires. Elles font écho au cheminement du personnage principal.

L’histoire d’un amour particulier entre un homme écrivain(le narrateur )et une jeune femme Setsuko dans les montagnes japonaises des années 1930. Une histoire qui aurait pu être banale mais qui est amplifiée, exaltée par le personnage principal à cause de la mort qui rôde autour de sa bien aimée Setsuko.

Il décide alors de mettre sa vie entre parenthèse pour profiter de chaque instant, souffle, regard que cette vie à 2 particulière dans le sanatorium où il s’installe et où elle se meurt de tuberculose. Il veut profiter au maximum de leur bonheur et du fait d’être ensemble.

C’est une réflexion sur la  mort et surtout sur la vie, la métaphore du vent qui parcoure l’histoire et en fait un personnage  à  part, un peu comme dans un poème scande le récit. L’omniprésence des descriptions des paysages, des sensations du personnage principal au départ optimiste puis de plus en plus mélancoliques sont déclinées en différents tableaux et en quatre parties distinctes.

Cette quête intérieure, solitaire du bonheur, ces angoisses face à la mort, cette solitude partagée par les 2 personnages sont très touchantes. On retrouve l’écriture poétique et le rythme lent propre à la littérature asiatique puis qui s’accélère vers la fin et reviens à nouveau en pause. C’est une réflexion sur ce qui nous donne envie de vivre, l’amour, la beauté et aussi sur le pouvoir de l’écriture.  Comment continuer à vivre dans un lieu isolé  entouré par la mort ? Comment retranscrire avec des mots le bonheur ?

Ce roman a servi de base à une pièce que j’ai particulièrement apprécié Nouvelles du plateau (s) de Oriza Hirata, on y retrouve le lieu le sanatorium et la confrontation entre la vie et la mort. Ici par contre le ton est plus mélancolique et pensif.

Cette longue plongée dans  la poésie et le lyrisme japonais font du bien, le fil conducteur des pensées et de la relation du narrateur avec Setsuko, ses angoisses et ses espoirs sont bien retranscris et on suit son cheminement  psychologique. Un monologue intérieur et  spirituel qui nous fait adopter la philosophie qui donne en partie son titre au roman « le vent se lève il faut tenter de vivre ». Rien que pour cette belle citation de Valery le roman est à lire !

 Si vous avez envie d’une pause et d’une plongée mélancolique dans  l’âme et la nature japonaise et une réflexion sur un amour impossible et pourtant éternel ;  Arrêtez-vous quelques instants et délectez vous de cette douce poésie. Et cette petite pause résonnera longtemps en vous comme une douce musique ou le murmure du vent.

Nouvelles du plateau (s) de Oriza Hirata

Cette pièce de théâtre est adapté d’un roman intitulé le vent se lève qui se déroule dans un sanatorium. La pièce reprend cet argument mais va faire se côtoyer des personnages hauts en couleurs, alternant les changements de rythmes et de tons. On suit cette galerie de personnages Nishioka homme bougon qui n’a pas franchement envie de rentrer à Tokyo avec son ancienne fiancée Ueno. Murai qui apprend que sa fiancée le quitte de la bouche de la meilleure amie de celle-ci venue lui apprendre à sa place, Fukushima qui passe son temps à dormir sur un banc. Suzuki  un visiteur du sanatorium  qui est obsédé par la phrase « le vent se lève il faut tenter de vivre »référence au poème de Paul Valery le cimetière marin qui donne lieu à une explication à la fois poétique et drôle dans les dialogues.

La pièce alterne de beaux moments de poésie  avec des réflexions sur le temps, la mort et la nature et aussi des moments très drôle avec cet humour décalé japonais et ses nombreuses onomatopées «  Ah, Eh », ces silences et hésitations qui prennent tous leur relief. C’est aussi une réflexion sur la vie, le temps qui passe à travers ces personnages malades en dehors du temps qui continuent à vivre malgré la maladie comme la jeune Maejima ou Kimiko et son frère. Des couples se font et se défonds. Sur ces tous petits riens qui font la vie et qu’on ne remarque même plus, belle réflexion sur le quotidien et l’attente comme dans la vie. Le comique transparait aussi avec les personnages des deux infirmiers ou du docteur qui donne ainsi de la légèreté à ce sujet, dans l’alternance avec des sujets banals, le comique et le ridicule de certains personnages et situations. Mais ce comique débouche toujours sur une belle note de poésie propre à l’univers de la littérature asiatique, une très belle découverte qui fait voyager et vibrer au cours de ses pages.

 Donc  lisez cette jolie ode à la vie, cette petite parenthèse qui alterne entre rires et larmes, pour découvrir les fameuses « fritillaires noires » et comprendre pourquoi « le vent se lève et qu’il faut tenter de vivre », une petite bulle de théâtre asiatique à savourez sans modération. Souvenirs particuliers aussi pour moi car j'ai eu la chance de la jouer.

L'âme de Kôtarô contemplait la mer de Medoruma Shun

C'est un recueil de nouvelle, la 1ere est «  l’âme de Kôtarô contemplait la mer » qui donne son titre à l'œuvre.

 Elle a une écriture particulière, mélange de légende liées à des  esprits et au mal être de l'âme, le récit fait  référence aussi  à la 2nde guerre  mondiale et aux exactions des japonais contre les civils. On suit l'histoire d’une vieille femme dont le cœur de sa vie est son fils d’adoption Kôtarô , souvent sujet à des maladies de l’âme depuis la perte de ses parents  quand il était un jeune enfant. Mais là, la crise est beaucoup plus grave que d’habitude,   cette nouvelle c’ est un récit léger, cristallin, une écriture qui se déploie sur une trentaine de pages qui donne envie de poursuivre dans l'univers enchanté de l'auteur à travers cette quête pour sauver Kôtarô.

 La 2 eme nouvelle" l’awamori du  père Brésil " change de registre, le  récit  commence lors de la rétrocession d’Okinawa des EU au Japon.  On assiste à la rencontre entre un jeune garçon et le père Brésil, un homme d’Okinawa qui a émigré avant la 2nde guerre au Brésil, ce personnage atypique  buveur d’awamori et grand pêcheur dont le jeune garçon au départ se moquait va devenir un incroyable conteur.  De ses aventures au Brésil, au retour au pays et à la découverte des massacres liés à la guerre, qu'il partage avec le jeune garçon, une incroyable amitié se crée.  Un  récit emprunt de poésie, sur fond de nature,  avec en point d'orgue la magnifique scène finale que je vous laisse découvrir avec les papillons. Une écriture fluide et sensible, qui fait la part belle à l’imaginaire et au rêve. Il évoque aussi les horreurs de la guerre, les retombées de la pollution atomique avec les descriptions des anomalies des poissons par exemple et le récit du retour au pays du Père Brésil. Le ton oscille entre poésie et description réaliste une vraie perle pour l’imagination. Ma nouvelle préférée du recueil.

La 3eme nouvelle: « rouges palmiers » amène un changement encore de registre, une plongée dans les bas quartiers à proximité de la base américaine,  histoire d’une découverte de la boxe et d’un premier amour entre 2 jeunes garçons et du premier émoi amoureux qui hésite entre attirance et répulsion.

 La 4eme  nouvelle a pour titre  « coq de combat » , une nouvelle sur la violence et l’amitié ici celle d’un garçon pour un coq de combat que son père lui a demandé d’élever , réflexion  sur la barbarie et la violence, critique de la pègre et des combats de coqs mais aussi de la toute  puissance de la mafia et de l’attitude passive des villageois. Dénonciation de la corruption, de l’absurdité et de la bêtise humaine à travers le destin de Aka ce beau coq rouge et de son maître.

La 5eme nouvelle est différente c'est un récit à la 1ere personne d'une jeune femme qui s'appelle « avec les ombres ».

L’histoire d’une jeune femme abandonnée par ses parents et élevée par sa grand-mère dans la tradition des esprits, on suit le récit difficile de sa vie d’enfant un peu attardé à sa vie d’adulte, sa rencontre avec un jeune homme qui va bouleverser sa vie, on retrouve la description des légendes, de la nature un peu fantastique et les descriptions plus crues de la violence à l’égard de la fillette puis de la jeune femme qu'elle devient. On s’attache au personnage et à son histoire dramatique, une pure héroïne de tragédie qui nous éclaire sur les croyances ancestrales. 

Enfin la dernière nouvelle intitulée « la mer intérieure » est aussi un récit à la première personne mais d'un jeune homme qui nous raconte son histoire et celle de sa famille. Il montre l'importance des légendes, la solitude et la peur du narrateur de reproduire les erreurs de ses parents. Une jolie réflexion sur le poids de la violence et de sa transmission.

 Finalement ce recueil alterne entre poésie et dureté, on suit les histoires des différents personnages dans ce monde et ce style différent des récits formatés à l’occidentale. Ces histoires ont en commun le lieu Okinawa et les conséquences de l’après guerre, le poids de la violence et des exactions liées à la Seconde guerre mondiale et  la présence américaine.

Elles confrontent toujours le regard d’un enfant en général  naïf qui évolue au cours du récit et perd ses illusions, il fait la part belle aux esprits, aux prêtresses et aux traditions. Les descriptions poétiques des poissons, des paysages et des sensations  contrastent avec la dureté, la violence à l’état brut des hommes. Ce récit alterne entre le Ying et le yang, la nature et la ville, la violence et l’amour, la douceur et la cruauté, la beauté et la barbarie. Des récits simples et poétiques, cruels parfois, spirituels sur les destinées humaines, un peu comme ces esprits et ces descriptions qui vous accompagnerons longtemps, alors n’hésites plus plongez dans ce monde poétique et vibrant de Medoruma Shun.

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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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