Prendre de la hauteur atelier bric à book numéro 35
© Leiloona
Une petite brise lui caressait la peau dans ce fauteuil perché, c’était si agréable de se mettre sur pause. D’expirer l’air lentement de ses poumons comme l’angoisse et la peur insidieuse tapie dans le fond de son cerveau.
Instant propice avant le grand saut, juste quelques instants avant que la vitesse reprenne ses droits. D’habitude cet arrêt involontaire lui aurait fait automatiquement des palpitations, mais là pour une fois rien. Juste l’attente sans but, sans stress. Anormalement calme.
D’ici rien n’était pareil, les lumières prenaient un autre éclat, comme de minuscules lucioles, tout reprenait sa juste place. Rien n’était grave, les oublis, les erreurs. La course permanente pour alterner des moments de plaisir et le travail. Prendre la juste mesure, arriver à un équilibre comme en ce moment suspendu. Finalement prendre de la hauteur, ça lui faisait du bien. Cela lui permettait de souffler un peu, de prioriser et de prendre son temps. De prendre cette distance qu'elle n'arrivait pas toujours au quotidien.
C’était un peu dingue aussi, d’avoir sur un coup de tête acheté ce billet pour pouvoir s’évader, crier tout son saoul et se libérer de la pression. Quand elle marchait de l’autre côte de la rue elle avait vue que la grande roue était toujours là place de la Concorde. Et elle s’était dit pourquoi pas ?
L’ascension avait été lente et bringuebalante et là une pause, elle savait ce qui allait suivre et savourer ce dernier instant immobile. Avant que le tourbillon ne reprenne.
Un dernier moment de grâce avant la reprise de la vitesse, du train train , des choix raisonnables. Un petit coup de folie en ce dimanche soir pour ressentir à nouveau l’adrénaline dans ses veines dans cet abri multicolore. Un dernier tour de roue devant la ville endormie.
©eirenamg