Temps dilaté atelier bric à book numéro 46
Elle ne supportait plus ce trajet, ses allers retours qui rythmaient sa vie depuis plus d’1 an, comme un métronome courir après le train du vendredi soir et rappliquer dare dare le dimanche ou le lundi matin. Cette course folle, où soit elle s’assoupissait dès les fesses mises sur le tissus du siège. Elle se plongeait alors, soit dans ses dossiers boulots ou quand elle avait de la chance dans un bon livre ou elle écouter de la musique à fond dans ses oreilles en regardant la vue.
Ce moment entre 2 territoires, 2 vies qui l’avaient amené à s’expatrier, bosser sur Paris, mais qui la faisait retrouver le cocon familier de la famille, dès le vendredi soir. La joie de profiter des pierres noires, de la vue dégagée sur l’ancien volcan endormi. Un moment à chaque fois apaisant après la course folle de la semaine. Les horaires qui étaient devenus ses pires cauchemars horaires du bus, rer, train, des étapes, si elle comptait le nombre de fois où elle regardait sa montre ça devait être impressionnant.
Mais une fois assise, la métamorphose s’opérait: la peur des aiguilles s’éloignait et la montre ne bougeait plus de la table de nuit jusqu’au retour.
Combien de temps pour continuer à vivre comme ça ? Est-ce que d’ailleurs cette course permanente avec ses lueurs d’accalmie était vraiment une vie ?
A force de vouloir concilier vie pro et privée, elle était en train de perdre sur les 2 tableaux. Elle n’était plus aussi efficace et affutée au boulot car les km dans les pattes commençaient à lui peser, de plus en plus susceptible en rentrant car elle voulait seulement rester tranquille et ne pas voir des gens à tour de bras. Elle en voyait déjà assez, comment ne pouvait il pas comprendre qu’elle voulait juste rester tranquille avec lui ? Et ne pas voir des amis ou se prendre le chou pour une histoire de courses ou de prochaines vacances ?
Est-ce qu’elle s’habituait à sa vie de célibataire de la semaine ? avait elle vraiment changé comme il lui avait balancé dimanche dernier au téléphone ?
Que faire? le choix, elle le ferait dimanche prochain.
1 an plus tard,
Elle l’avait fait tant de fois l’année dernière ce trajet, à se demander quels choix de vie il fallait faire. Depuis qu’elle s’était enfin lancée, elle était libérée depuis qu’elle s’était reconvertie. Quitter la fonction publique pour travailler dans cette libraire avait été la décision la plus intelligente qu’elle avait prise avec celle de se réinstaller en Province.
©eirenamg.