Ballade hivernale atelier bric à book numéro 54
© Valentine Goby
Cette ballade hivernale était en train de lui nettoyer les bronches, le froid vif entrait puis ressortait par sa bouche en petit nuage. Mais c’était les seuls instants de calme avant le réveil de la famille donc elle en profitait. Elle buvait son café, s’habillait chaudement et partait marcher une petite heure histoire de décompresser.
C’était sympa les réunions de famille, mais toujours un peu stressant. Elle avait plus l’habitude de voir autant de monde, d’être toujours sous le regard des autres. Elle avait l’impression de devoir se justifier sur tout sous prétexte que c’était la petite dernière.
Bref, c’était toujours un mélange de joie des retrouvailles et d’anxiété comme si peu importe le temps qui passait, la place assignée dès l’enfance ne bougeait pas.
Du coup, les conseils paternalistes, les remarques sur la désorganisation de la jeunesse changeaient juste d’objets mais demeuraient. La différence par contre, c’était sa capacité à les éluder, à affirmer son opinion. Ces petites promenades matinales, c’était ses moments de respiration qui permettaient de relâcher la pression.
Mais d’un autre côté, c’était aussi rassurant de se dire que dans ce monde en furie, certaines choses ne changent pas, les engueulades politiques, les souvenirs gênants, les tentatives d’évitements pour la vaisselle. Sa volonté de solitude aussi et son amour du silence, de la beauté comme là face a ce paysage matinal givrée et ensoleillée demeurait.
Cette nature immuable qui renaissait chaque année, était finalement rassurante comme ce traditionnel rendez vous des vacances d’hiver, à la fois stressant et reposant. Comme une vague et son éternel retour, un retour au bercail à l’enfance pour mesurer le chemin parcouru, les obstacles surmontés l’année d’avant. Malgré le temps qui passait, les absents au fil des ans, ce fragile équilibre familial qui se réinventait chaque année.
Allez, il était temps de rentrer, sinon elle allait rater la traditionnelle dispute matinale parentale autour de la machine café. Elle sourit en faisant demi-tour.
©eirenamg