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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
20 février 2017

Evolution atelier bric à book numéro 58

gare ribot© Julien Ribot

Longtemps cette gare avait été un échappatoire, le seul lien qui la maintenait en interaction avec les autres. La course pour arriver à l’heure, composter, trouver sa place et enfin se poser une fois la valise rangée dans le compartiment. Ensuite, sortir le livre ou envoyer le sms d’usage pour dire qu’on était bien dans le train, l’heure d’arrivée. Visser les écouteurs dans ses oreilles et programmer la playlist pour 3h30 de voyage.

Des milliers de minutes, d’heures pendant 5 ans, 5 ans  de course, d’espoir, d’échappatoire de la région parisienne. 5 ans d’attente pour retrouver un chez soi, une vie normale, des amis, la famille et son home sweet home.

Et puis, un jour la mécanique se grippe ça commence insidieusement, la non envie de se dépêcher, le fait de retarder son départ, de partir plus tôt de province. D’être content de rentrer le soir et de ne plus avoir envie d’avoir un rythme de malade lors des congés. Et finalement cette gare qui était le lieu, la porte du paradis, de la déconnexion ,de l’oubli devient juste une gare. Un lieu de passage où comme là les gens vont et viennent sous ses yeux, se dépêchent d’aller reprendre leur vie ou de flâner en touriste à Paris.

Finalement,la solitude non souhaitée, non voulue devient une douce amie mais les proches restaient au loin ne comprennent pas. Quelle idée de vouloir rester dans le bruit, le stress au lieu de rentrer tranquillement à la campagne ? Comment expliquer que peu à peu on s’habitue à cette folie ambiante qui devient une partie de soi ?

C’est marrant la symbolique qu’on attache à un  lieu, les habitudes et les reflexes que l’on prend, ce lieu qui avait été à chaque fois le début d’un moment plus calme, pour se ressourcer devenant peu à peu mécanique et pénible.

Maintenant, quand elle se promenait tranquille comme aujourd’hui elle redécouvrait des détails que la fréquentation assidue de la gare de Lyon lui avait fait oublier, les lumières, la verrière qui donnait une autre dimension à l’espace.

Habituée à toujours courir ou regarder que le panneau d’affichage, elle ne faisait plus attention à ça avant. Là, elle avait le temps, de déambuler, de boire un café ou de craquer pour un livre au relais. Il n’arriverait que dans 50 min. Les choses s’étaient inversées, c’était lui qui faisait le trajet maintenant et plus elle, elle qui attendait tranquille dans un environnement familier.

Chaque vacances c’était un bonheur de le retrouver, finalement elle avait eu peur que les liens ne se distendent après la séparation avec son installation définitive en région parisienne. Mais à l’inverse, la distance les avaient rendu plus précieux, fragiles et surtout plus intense, la routine s’était estompée et une semaine de  vacances scolaires sur 2 elle était contente de retrouver la prunelle de ses yeux : son fils sur le quai de la gare.

© eirenamg

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Commentaires
L
Oh ton texte et sa chute ... Hum. Je connais la vie de ton personnage, à courir dans tous les sens, mais de là à vivre loin de mon petit loup. Non, je crois que je ne pourrais pas.
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L
Je comprends ton héroïne. C'est tellement pénible de courir, d'avoir des trains qui n'arrivent pas à l'heure (quand ce ne sont pas les conducteurs qui sont en grève) que l'on en vient à rentrer moins souvent chez soi, à retourner se ressourcer que tous les 15 jours, voire toutes les trois semaines... On s'habitue au mouvement, au bruit. Un texte intéressant.
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L
Emouvant, très émouvant. Les grandes villes, où tout va à 100 à l'heure ont souvent un charme indéniable, on a juste tendance à moins le voir. J'aime particulièrement quand la belle famille vient nous rendre visite sur Lille, car comme eux lorsqu'on déambule dans les rues pavés ou même dans la gare, on ouvre les yeux et on redécouvre la beauté des lieux. <br /> <br /> Mais ton récit est doublement émouvant grâce aux retrouvailles entre cette mère et son fils, on y sent une douceur et un amour infini malgré cette distance. Bravo :)
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N
Comme il est touchant ton texte ! Au début j'en étais presqu'à reprocher à ses "proches"de faire naître en elle une culpabilité d'avoir choisi de vivre loin d'eux et d'aimer sa vie dans la capitale aussi... Mais la chute m'a déboussolée... Sans jugement aucun mais ramener l'histoire à ma petite personne, je ne sais pas si j'arriverai à vivre à 3h30 de mon petit bout et ne le voir que la moitié de vacances scolaires... me connaissant, je me battrais corps et âme pour avoir la garde même si je sais que son père est extra en Papa mais au pire j'habiterai dans la rue à côté de sa garde alternée... BP bp de réflexions amenées par ton texte ! Merci miss
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B
C'est beau et triste à la fois .... comme la vie en fait. Ce texte me parle beaucoup car un de mes enfants connaît ce stress permanent , cette course entre deux villes, entre une nouvelle famille et les enfants de la précedente .... Et ce n'est jamais simple à organiser, et tout le monde est fatigué, et les dates de vacances ne sont pas les mêmes....Et ces petits qui n'ont rien demandé et pour qui le service enfants de la SNCF est devenu une troisième maison ....Oui , beaucoup de réflexions autour de ton texte comme d'habitude .....
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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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