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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
13 mars 2017

Soutien atelier bric à book numéro 61

church

© Emma Jane Browne

Quand elle était à l’étranger, elle aimait bien se balader et visiter, comme ici dans cette église. C’est marrant, elle n’aurait jamais osé pousser la porte de celle-ci d’habitude mais elle voyait plutôt ce lieu comme un bâtiment, avec ses lumières ; son cérémonial plutôt  qu’un lieu religieux. Combien de personnes s’étaient rendues ici pour retrouver l’espoir, se délester d’un secret, attendre un conseil, un signe. Se confesser de ses grandes et petites erreurs, toute la nature humaine se retrouvait dans ce lieu.

La nature humaine a besoin de béquille, de bouc émissaire, de garde fous pour avancer, à croire que l’intelligence, la connaissance ne sont pas suffisant. Mais c’est vrai qu’on ressentait quelque chose de différent quand on rentrait dans ce genre d’endroit même quand on ne croyait pas. Une espèce de calme, d’apaisement, de recueillement comme si la ferveur des souvenirs, des prières lancées étaient contenus dans cette pénombre, ces cierges et ces murs.

Pourtant, la pensée magique elle n’y croyait pas, pas plus qu’aux signes d’ailleurs mais l’entêtement, le respect, l’écoute, la passion oui. Une volonté qui ne devait pas plier malgré les obstacles, la noirceur, la peur et l’enfermement ambiant. Pas non plus à une force supérieure qui décide de tout à votre place mais de soi qui se bouge et avance, se relève et essaye d’avancer en faisant le moins de dégâts possibles. De rester droit dans ses bottes sans trembler sans céder aux sirènes du cynisme, de la bêtise et du racisme ambiant. Essayer de croire que c’est encore possible mais à son échelle pas en obéissant aveuglement à des vielles règles obsolètes, pas en pensant qu’on était le seul à avoir raison, pas en jugeant l’autre sur sa manière de s’habiller, de baiser, de mener sa vie. Pas en pensant qu’il ne faut croire en rien mais juste en laissant les gens en paix et faire ce qu’ils veulent.

En regardant ces murs, elle se rendit compte qu’elle avait quand même une forme de spiritualité, de croyance mais qui n’avait pas besoin de règles, de carcans, d’heure fixe et de chef. C’était plus un espoir ténu, diffus, irraisonnable, de se dire que le monde pouvait changer évoluer ici bas et pas dans un au-delà un ailleurs, un après. Elle croyait finalement en l’humain, c’était un peu dingue qu’en même après les horreurs du 20e siècle et ce qui passait actuellement.

Le plus dur c’était de ne pas perdre ça de vue, quand la vie blesse et vous met à l’épreuve, qu’elle vous charrie comme un fétu de paille. De ne pas se laisser embobiner par les vendeurs de simplification, les manichéismes ambiants, d’apprécier la complexité, le gris, le mouvement de balancier de monde tantôt ultra matérialiste, futile et parfois si sectaire.

C’était peut être ça que les gens venaient chercher en poussant la porte d’une église, d’un temple, d’une mosquée ou d’une synagogue, de se rassurer, de trouver un appui. Chacun fait comme il peut après tout. Elle entendit la porte s’ouvrir derrière elle, il était temps qu’elle rentre, reprenne le cours  de sa vie simple mais elle espérait utile. Se replonge dans les livres pour trouver un écho, un espoir, de nouvelles idées, une autre vision du monde. Un livre finalement qui pouvait être aussi bien porteur d’espoir  que de soumission, un livre finalement qui était la source de sa foi en la connaissance.

©eirenamg

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Commentaires
B
Il y a des personnes qui rentrent dans une Bibliothèque comme d'autres dans une Eglise , je pense que tu en fais partie et que c'est pour la vie .....
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L
Quelle richesse dans ton écrit, les messages d'humanité, de spiritualité au delà des religions, d'espoirs, de persévérance ou encore de courage sont superbes. Et ces "sauveurs" pour elle que sont les livres, comme je m'y retrouve aussi :)
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N
Elle est forte ta narratrice ! En parcourant ton texte je me demandais comment elle pouvait faire si seule à rester continuellement droite dans ses bottes et avancer sans soutien, sans même l'once d'un amour inconditionnel et j'ai compris dans ton final que sa "béquille" à elle se situe dans les livres ! Une très belle construction de texte pour amener ce sujet d'actualité dans notre siècle ! Bravo miss !
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S
J'aime l'idée qu'il peut exister une spiritualité en dehors de l'adhésion à une religion précise et unique.
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N
Je me trompe, ou "elle" te ressemble ? Très beau texte, Nath, vraiment ! Bises 😘
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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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