Apaisement atelier bric à book numéro 64
© Kot
Cette petite pause était toujours son moment, les quelques secondes grappillées dans la toile de sa vie. Son petit quart d’heure à elle. La joie des rayons du soleil sur sa peau, du froid piquant parfois, un arc en ciel, un sourire, quelques pages dévorées ou un bon café pouvaient accompagner ce rituel.
Instant suspendu qui fait le sel de chaque journée, bouscule parfois l’ordinaire et permet de se mettre en pause tout en étant attentif aux autres, au monde. De profiter du silence ou des bruits réconfortants ou non de la ville. S’évader quelques secondes de la marche inexorable du quotidien.
De moments d’émotions précieux au travers d’un regard, d’un moment complice silencieux, non verbal comme là avec l’homme en face d’elle dans la rue qui allumait sa clope. Moment bienveillant, petit bonheur comme des cailloux qui font la vie plus douce. Comme lors d’un fou rire ou des petites piques par réseaux sociaux interposés. Des malentendus drôles qui pouvaient s’échapper des mots contrairement aux regards.
En vieillissant, elle était de plus en plus sensible à ces instants sans fards, ces moments où le temps se figeait. Comme si l’univers entier se pliait à sa volonté avant de reprendre sa course imprévisible. Elle sourit en repensant à ces bons moments accumulés ces derniers temps, moments simples de repas, d’échanges mais qui poussaient à avancer et qui permettaient de recharger les batteries. L’homme en face d’elle bougea, elle lui fit un signe de tête avant de reprendre la direction des escaliers et reprendre une activité normale.
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