Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
27 janvier 2019

Autour du livre Des hommes couleur de ciel d'Anaïs Llobet

50241622_2476321892382351_1407980787474628608_n (1)

 

Rencontre avec Anaïs LLobet pour son roman Des hommes couleur de ciel

Compte-rendu d’eirenamg et Virginie Vertigo pour le Paris Nantes.

Amandine Labansat et Janis Lardeux des éditions de l’Observatoire nous ont permis de bénéficier d’un moment privilégié avec l’auteure Anaïs LLobet dans un café parisien. Nous les remercions.

Nous avons été une dizaine de blogueurs à écouter, questionner, échanger avec elle sur ce second roman après Les mains lâchées sorti en 2016. Passés les débuts où tout le monde n’ose pas parler, les discussions ont été ensuite vite animées. Les échanges ont été d’autant plus enrichissants que pratiquement tout le monde avait fini le roman.

Voici pour le Paris-Nantes un petit compte-rendu non exhaustif.

Choix de la Haye et des Pays bas comme cadre de l’histoire.

Anaïs LLobet ne voyait pas cette histoire à Paris et comme elle connaissait bien la ville pour y avoir vécue plus jeune en tant qu’expatriée, le choix s’est posé sur cette ville. Elle aime le côté « « maison de poupée » de La Haye, ce décalage entre cette image politiquement correcte et la montée de l’intolérance vis-à-vis des étrangers. Elle a vu la différence d’accueil entre elle et ses amis néerlandais dont les parents étaient étrangers. On les ramenait systématiquement à leur accent, on leur faisait sentir qu’ils venaient d’ailleurs. Cette ville et ce pays ont une image de tolérance, d’acceptation des communautés LGBT, de la diversité mais, ils ont aussi un courant d’extrême-droite fort qui pénètre peu à peu les esprits. Cette contradiction et le besoin de mettre de la distance géographique et de le situer ailleurs pour avoir une vision plus neutre sur son récit ont primé.

Choix de la Tchétchénie.

Elle connait bien la Tchétchénie pour y avoir été plusieurs fois pour son métier de journaliste, pour avoir enquêté là-bas. Elle construit toujours ses reportages avec différents points de vue. Pour le livre, la question de départ était de savoir comment une personne peut compartimenter sa vie, nier une partie d’elle-même.

Le Caucase, ce berceau de vie européen est composé de nombreux peuples. Les Tchétchènes sont un peuple guerrier. Nul n’a oublié la guerre russo-tchétchène dans les années 1990 et 2000. L’homme tchéchène a une image très virile, guerrière de fait. Pas de place pour la sensibilité, pour la faiblesse ce qui explique grandement le rejet des homosexuels considérés comme des non-hommes, des faibles. Malgré tout, pour Anaïs LLobet, les Tchétchènes ont aussi une très belle culture, de la poésie. Aujourd’hui, dans l’ensemble les Tchétchènes sont allés au-delà du trauma de la guerre :  être un enfant de la guerre ne signifie pas verser dans la violence. C’est dans ce changement mais aussi cette permanence qu’elle a conçu son roman avec deux frères qui représentent les deux facettes de ce peuple Tchétchène. Malgré tout, l’auteure avait peur de pas être légitime sur le tabou de l’homosexualité dans le pays, sur le climat de peur associée à ça. Elle a eu la volonté de montrer tous les points de vue sans les juger, comme le personnage de Mahmoud qui est celui qui l’interroge le plus.

Construction du  roman :

L’écriture s’est faite tout en continuant son travail de reportage chez l’AFP. Elle a bénéficié cependant d’un mois de résidence d’écriture ce qui lui a permis de bien avancer et d’avoir le calme, le temps de poser les choses. Une fois le premier jet posé sur le papier, elle a envoyé son manuscrit à son éditrice. Au final, le roman est constitué à 85 % du manuscrit de base et 15% de son retravail notamment autour des personnages. Par exemple, elle a davantage développé celui d’Hendrik pour qu’il soit moins caricatural.

Les personnages

 Ils incarnent un jeu impossible. On demande à des personnes immigrées de faire un choix, de faire table rase de leurs origines, de s’intégrer. Ils ont une chance, ils n’en auront pas deux. Malgré tous les efforts, à la moindre erreur on ramène ces personnes à leur pays d’origine. Le personnage d’Anissa représente bien cette ambivalence.

Chaque personnage a sa propre logique même les personnages détestables, même les criminels. Elle a eu peur de tomber dans la caricature mais le fait d’avoir placer son univers hors de France lui a permis de faire un pas de côté. Elle n’a pas forcément pris conscience que l’attentat dans le lycée faisait écho aux lecteurs aux tueries de masse aux Etats-Unis. Le choix du lycée s’est fait surtout pour permettre d’intégrer pleinement le personnage d’Anissa et ses problématiques.

Autour du thème de la radicalisation

Aujourd’hui, toute cette radicalisation des esprits pour des raisons politiques, religieuses, économiques, toute cette fermeture d’esprit, font que le grand perdant, comme le souligne Virginie durant l’entretien, c’est la liberté. L’autre est vu comme un monstre. La diversité devient source de rejet alors qu’elle devrait être une source de richesse

Un troisième roman ?

Après cinq années à Moscou, Anaïs Llobet travaille maintenant à Chypre. Elle ne sait pas encore ce que donnera le prochain roman. Avec humour, elle nous a dit qu’elle espère que ce ne sera pas encore pour parler de catastrophe. Cependant, elle aime cette idée de bascule, de raconter le avant et le après de ses personnages.

Publicité
Publicité
Commentaires
le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 107 992
Newsletter
Publicité