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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
7 février 2019

Classique moderne Belle amie d'Harold Cobert

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S’attaquer à un classique de la littérature, il faut être soit fou, soit sacrément doué. Harold Cobert est les deux.

Fou car le personnage de Duroy est un archétype en littérature, tout le monde le connait, l’arriviste qui se sert des femmes comme marche pied pour s’élever dans la société . L’auteur est sacrément doué car il arrive à se glisser dans les pas de Maupassant, sans le trahir tout en conservant son propre savoir faire et sa plume. On retrouve donc le personnage quelque temps après où on l’avait laissé, il est marié à Suzanne ( la fille des Walters), son objectif, sa quête est de devenir politicien, député lui qui dirige maintenant un journal.

Cette nouvelle aventure, nous fait aller plus loin ici dans les méandres de la politique du XIX e , des salles de presse de l’époque, des ventes d’articles à la criée. Des carrières qui se font ou se défont à coup de mots comme dans les combats dans l’hémicycle. L’auteur alterne description de Paris, des milieux que fréquentent ses personnages mais aussi des rebondissements, aventures avec une langue fidèle sans être précieuse.

Il écrit aussi bien les errances à pied de Duroy que les mécanismes intimes de sa pensée, ses manigances. Les envolées oratoires sont aussi présentes, quand il nous fait pénétrer au Palais Bourbon, avec les discours des députés de l’époque, il évoque les hommes du temps Lesseps, Eiffel. Il s’amuse à faire un clin d’œil cocasse à Maupassant qui publie dans un journal concurrent son feuilleton Bel ami. J’ai savouré cette langue, la qualité du style qui fait écho au souvenir d’un autre roman de l’auteur dont j’ai gardé le souvenir l’entrevue de Saint Cloud.

Le personnage de Clément, sorte de Mirabeau du XIX e siècle, impressionne par sa verve, son intransigeance et incarne les deux faces de cette République particulière.  C’est le gouailleur, le tombeur des ministères à la tribune, le charmeur de ses dames, ce député de Vendée. L’analyse fine de la politique et du moment historique est très bien faite sans être pénible. De même, la retranscription des articles de journaux qui deviennent de plus en plus important dans la vie politique est bien soulignée.

La réflexion sur nos institutions, la corruption, les inégalités, l’emprise du milieu des affaires, le journalisme est terriblement moderne. On comprend mieux à la lecture les blocages, les incohérences de notre système, les prémices de ce que l’on vit aujourd’hui. Sans verser dans l’anachronisme, par les faits, l’auteur nous laisse réfléchir. Les injustices criantes et croissantes sont aussi évoquées quand on voit les conséquences de certaines politiques menées par Duroy et ses amis. J’ai apprécié les allusions aux grands noms de la Révolution française, de me promener de la Normandie de Maupassant au Pays Basque d’Harold. Il suffirait de changer quelques noms d’affaires pour avoir l’impression de notre monde politique actuel.

Autre point important du livre, la juste place que l’auteur donne aux femmes, dans son roman. Les anciennes femmes de Duroy, Madeleine devenue une journaliste féroce d’investigation et qui n’hésite pas à gratter où ça fait mal. Suzanne fidèle et intelligente alliée de son mari, qui veut combattre pour le droit des femmes épaulée par sa mère Virginie. Des femmes plus fortes et modernes qui prennent pleinement leur place dans le récit.

 Nouvelles figures dans l’histoire Siegfried et Salomé qui incarnent la nouvelle vision donnée aux personnages et la porte d’entrée vers un monde plus interlope, sensuel. On passe par tous les sentiments en suivant les aventures de George, sale gosse, imbue de lui-même, conquérant, exécrable par moment. Puis plus complexe à la fois roublard et crédule du coup on le suit. C’est un salaud magnifique mais je trouve qu’il a plus d’humanité dans ce roman que dans celui de son prédécesseur.

Jusqu’au bout l’auteur tient ses promesses, un pari réussi, un nouveau classique. Donc embarquez pour ce classique moderne, au style romanesque, impertinent, drôle, ironique, férocement intelligent. Adoptez cette Belle amie qui est l’égale de son homologue masculin et j’assume de le dire le surpasse. Lisez le!!!!

PS : le bandeau pour une fois n’est pas trompeur, c’est un plaisir de le lire, c’est revigorant, ça fait du bien.

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Commentaires
A
Pour une fois que le bandeau n'est pas trompeur ;). Je suis très intriguée. Ce serait une manière de renouer avec mes souvenirs de lecture de Bel-ami ;).
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N
Super chronique ! Ma curiosité a été plus forte, je n'ai pas réussi à m'abstenir de la lire 😉
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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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