Au coeur de Belfast et de l'IRA: mon traître de Sorj Chalandon
Récit inspiré de la connaissance de l’auteur sur l’Irlande du Nord et de son expérience de reporter. Sorj Chalandon nous plonge dans la tête d’un luthier Antoine, parisien qui découvre par hasard Belfast et deux irlandais avec qui il va se lier Jim et Meehan.
Une relation fusionnelle avec le pays s’opère, comme avec la cause de l’IRA. A travers ses yeux, on côtoie la misère, la solidarité, les grands événements qui ont marqué l’Irlande, la grève de la faim de la Bobby Sands, la haine séculaire vis-à-vis de l’Angleterre. La fierté des irlandais, le pub, la musique qui rend fière. Le cœur du récit est la relation amicale, presque paternelle entre le narrateur et Meehan. Il dissèque, analyse, s’interroge sur celle-ci. Car pendant 25 ans celui-ci a été un traitre.
Tableau humain, vibrant où on ressent la colère, l’amour, l’admiration pour cet homme, l’incompréhension du narrateur. Une autre Irlande loin des cartes postales, plus intime. J’ai été touché par ce récit, j’aime la culture, l’histoire de ce pays comme Antoine mais sans son jusqu’au-boutisme sauf quand j’étais ado. J’ai aimé découvrir Belfast à travers ses yeux, vivre au rythme de sa passion, des évènements, de la beauté du début à la désillusion. Me promener dans la ville et à la campagne, sentir ce sentiment d’appartenance, que je ressens pour ma part quand je suis à Dublin.
On retrouve le talent de l’auteur de nous faire partager la logique, le quotidien, les idéaux du narrateur et ses amis, sa passion. Puis leur incompréhension face à la double vie de Meehan. Une réussite que ce livre dont l’histoire est racontée de son point de vue à lui ( Meehan) dans un autre roman retour à Killybegs.
Incarnation de la révolte, des causes justes, l’auteur nous fait réfléchir sur les failles et la complexité de l’humain. J’ai retrouvé la plume vibrante de l’auteur, un nouveau livre qui rentre dans mon panthéon de lectures marquantes, avant d’aller découvrir l’histoire en face B avec la version du traître Meehan.