Déclaration d'amour: il est juste que les forts soient frappés de Thibault Bérard

Comment parler de ce récit sans le gâcher ? Dès le départ la narratrice Sarah annonce la couleur, pas de pathos. Mais deux appréhensions de la vie, une noire et moqueuse et l’autre plus optimiste qui coexiste en elle. Elle rencontre Théo, et sa vie bascule, elle la punkette en mal de vivre, se trouve une raison d’y croire. Sa vie prend une autre voie.

J’ai aimé la manière dont l’auteur retranscrit les moments de vie, sa façon de décrire avec amour, drôlerie et les nombreux surnoms qu’il donne à leur entourage et à eux-mêmes. La maternité, la vie de couple aussi adoucie Sarah jusqu’à l’irruption de la maladie.

Par de courts chapitre, une adresse constante au lecteur par la voix de la narratrice, à qui elle demande de lui faire confiance ( j’ai été très émue par ces passages qui brouille les codes du temps et donne un sentiment à la fois de passage et d’immortalité). La narratrice nous parle d’elle, sans ambage, en se moquant d’elle parfois mais aussi avec tendresse. Elle décrit aussi la fin de l’innocence et le combat qu’elle mène comme une Sarah Connor. Le récit est une manière de capturer la vie, son essence, d’assurer une sorte d’éternité à l’être aimé sans le mettre en cage par l'auteur.

Les lignes sont pleines d’amour, on a les yeux qui piquent parfois, on a le sourire , on s’attache à eux Théo et Sarah. On leur ressemble aussi avec les chansons préférées, la façon irrationnelle de voir la vie, le besoin de signes, l'espoir pour tenir. 

Sarah dénoue pour nous peu à peu les fils de sa vie, à la fois récit intime, pudique et universel, sans être voyeuriste, malsain ou tire larme. Beau tour de force réalisé par la construction originale à l’envers, et par cette voix de Sarah qui ne transige pas, narratrice omnisciente de leur histoire.

Un premier récit qui capture la vie, les mots, les chansons, la beauté de Sarah, la joie, la fougue et la force de Théo. De valeureux combattants entourés par l’armée d’amour et de présence de leurs proches, Leila, Léonore,  Cléo. 

La chanson de Nick Cave préférée de Sarah, on ne l’écoute plus de la même manière, il y a des instants comme ça suspendus comme la fête des 40 ans de Sarah, la balade avec Simon et Camille leurs enfants, le premier de l’an qui comme dans un album souvenir marque.

L’auteur arrive à nous immerger dans son histoire et à nous  laisser en faire partie. L’ombre est présente face aux embûches, l’injustice, la douleur, la révolte face à cette épopée justifiait par le titre «  il est juste que les forts soient frappés ».Maxime étonnante qui donne du courage aux protagonistes pour affronter la force noire.

Une déclaration d’amour à la vie et aux êtres aimés, voilà ce qui transpire de ce roman, un récit à part qui se lit d’une traite comme un cadeau. Alors ouvrez les pages et découvrez Sarah, Théo et leur fol apétit de vivre.