Paradis perdu: île de Siri Ranva Hjelm Jacobsen

Ile est le récit d’un retour aux origines comme le saumon qui remonte la rivière ; la narratrice raconte un voyage vers ses racines les îles Féroé avec ses parents. Elle se replonge à chaque étape dans l’histoire de sa famille, celle de ses grands parents qu’elle a adoré, son oncle et d’autres membres de sa filiation maternelle. Elle évoque son malaise d’être métisse ; d’être la fille de la Tarentule qui ne connait pas vraiment ses origines .

A la fois onirique par moment, quand elle parle des légendes sur les îles comme Mykines, la pierre aux Trolls,la mouette de Beate, plus réaliste quand elle parle de la vie sur un navire, la collaboration, l’exil. C’est aussi une belle ode à l’amour entre les grands parents de la narratrice.

Au fil des pages, elle construit l’histoire et l’exil de ceux de la 3^e génération, cette impression de douleur portée, cette sensation de manque d’un pays qu’on ne connait pas vraiment. Elle évoque les relations compliquées avec le Danemark, la langue. La mémoire est un fil rouge, la sienne, celle des ancêtres, de la terre.

Elle crée pour nous des paysages impressionnants, qui semblent trop grand pour l’homme. Cette sensation d’insularité, d’attachement à un lieu pour être complet. La soif de connaissance de la narratrice est touchante quand elle essaye de remplir les blancs, de garder vivante la mémoire des aieux. Elle essaye de combler cette moitié d’elle-même qui est visible sur sa peau mais dont elle ne maitrise pas toujours la langue ou les codes à son grand désespoir. Voyage mélancolique et filial comme une recherche d’un paradis perdu, d’un Ithaque disparu avec la mort.

J’ai apprécié l’écriture, les images, l’impression de millefeuille de souvenirs, et ne pas toujours savoir qui parlent. J’ai aimé les différentes couches de temporalité comme une sorte de croute terrestre que la narratrice doit disséquer pour se sentir elle-même. J’ai découvert l’histoire de ces îles que je ne connais pas et dont le mystère m’a rappelé les sensations que j’éprouve quand je suis en Irlande. L’importance de la famille, de la tradition du récit oral pour survivre en tant que minorité m’a intéressé. Ce sentiment d’entre deux, de ne pas savoir qui on est réellement aussi. J’ai aimé cheminer avec Fritz, Ragnar, Marita au fil des lignes.

Un beau voyage féroïen que je vous recommande vivement. Merci Virginie pour la découverte de ce récit. 

Comments

[Karine]

Oh, tentée je suis. Surtout que je ne connais rien de l'histoire des îles Féroé.

[Géraldine]

Bien tentée. Je ne connais pas l'histoire des iles Féroé et je suis passionnée par tout ce qui touche à l'insularité. Je note ! Joli coup de coeur !

[Antigone]

Tu m'as donné envie de me plonger dans cette histoire... ;)