Captivant: les déracinés de Catherine Bardon

Les déracinés est le début d’une saga captivante qui mêle petite et grande histoire, celle de Wil et Almah et de leurs familles autrichiennes.  Ils font partie de la petite et grande bourgeoisie de l’époque à Vienne, Wil a des origines un peu plus modestes, son père a fondé une imprimerie et lui ne rêve que de journalisme. Almah veut devenir dentiste et sa famille très aisée avec Julius et Hannah sa mère mélancolique la protège. Wil et Almah tombent amoureux et vont traverser les années 1930 à Vienne puis un exil pour essayer de sauver leurs vies car ils sont juifs. Ils vont finalement atterrir en République Dominicaine qui offre des terres et des visas pour les juifs persécutés par les nazis. Avec le personnage de Myriam, on voit l’autre côté de l’exil en Amérique, la petite sœur de Wil qui tôt avec son mari décide de larguer les amarres de l’Autriche.

On voit grâce à ce roman la montée du nazisme, les exclusions, la violence, l’humiliation, les camps de transit, la peur quotidienne. On fait équipe avec eux d’espoirs en désillusions dans leur quête d’exil américain. Puis enfin la découverte d’un autre monde pour eux la République dominicaine, sa chaleur, son dictateur. Ce kibboutz très loin au départ de leur idéal eux qui sont tous les deux athées. La question d’accepter ou non l’injustice, les abus de Trujillo, l’amour passionné entre les 2 héros, les amitiés nous font traverser les décennies avec eux.

Le plus dingue dans ce roman est que celui-ci est inspiré d’une personne réelle, il est très bien documenté, précis, les chapitres alternent avec les carnets d’exil de Wil. J’ai aimé son côté journalistique, son œil aiguisé, sa fragilité et son amour pour Almah. Almah moins fragile qu’il n’y parait prête à tout pour sa famille, vive, intelligente et qui réussit à repêcher son mari quand il craque et vice et versa. L’écriture de l’auteur vous enrobe, embarque et ne vous lâche pas. Elle recrée aussi bien Vienne, que la chaleur écrasante, les moments de bonheur grand et petits que l’horreur. Elle fait un bel hommage à ces pionniers avec les personnages de Svenja, Markus, ces survivants. J’ai découvert à travers ses mots, la République Dominicaine et son histoire. A part l’histoire des Mariposas, je ne savais pas grand-chose de cette île contrairement à Haïti. J’ai apprécié de découvrir ces pionniers

Sans jamais vous lâcher la main, elle vous fait vivre avec eux les cahots de la vie, on voit grandir leurs enfants Ruth, Frizie, on comprend leurs doutes, leurs lâchetés et aussi le courage qu’il faut pour continuer à se tenir droit malgré les vents contraires. Un premier tome passionnant qui donne envie de découvrir les autres volumes de cette saga intelligente et qui rend honneur à ces humains ballotés par le flot de l’histoire.

Donc partez sur les pas d’Almah et Wilhem, découvrez la République dominicaine, vous ne le regretterez pas.