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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
7 décembre 2020

double visage: Cinq dans tes yeux d'Hadrien Bels

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Cinq dans tes yeux est un premier roman dont le personnage principal est Marseille, celle des années 80-90 et celle d’aujourd’hui. On côtoie ces deux villes dans le regard de Stress le narrateur de son enfance, adolescence à l’âge adulte. Le fil conducteur est donc ses souvenirs et sa vie aujourd’hui.

Son quotidien se déroule au Panier, le quartier populaire emblématique, avec lui on côtoie les clandestins, les communautés comoriennes, nord africaines. Les petites frappes et les dealers. On le suit avec ses apprentis caïds qui au départ vont à la plage puis ensuite boivent des coups en boîte. Leurs bagarres, la vie de tous les jours, les grands et petits drames qui vont rythmer leurs vies jusqu’à l’âge adulte. Ensuite vient le temps, des petits boulots, des moments de frimes  et parfois la vie qui bascule.

Outre le narrateur, on suit également ses amis Djamel, Ange, Kassim, Ichem, Nordine. Chacun avec leurs parcours et leurs démons. La mère du narrateur Fred est une femme de conviction, passionnée par l’art, qui se donne à fond pour le monde associatif en espérant que son fils ne fasse pas de trop de conneries.

Stress est toujours entre deux monde, celui de la culture, des livres, du ciné qu’il connait par sa mère et celui de la vie du quartier, des bagarres, du shit, de la petite délinquance qu’il fait pour être comme tout le monde et s’intégrer. Cette quête d’identité est assez touchante.

L’auteur comme dans un documentaire ne nous épargne pas la violence, le radicalisme, la saleté, le mépris des politiques qui est incarné par une soirée d’inauguration de  Fred. Il montre aussi la volonté de faire de Marseille « une ville propre » avec les rachats et la modernisation de certains quartiers, le petit monde culturel qui essaye de faire de l’authentique. Il montre le double visage de la ville. Stress hésite entre ces  deux mondes, lui qui aimerait réaliser un film sur ses anciens amis et le quartier mais qui a du mal à se mettre en avant, à suivre le côté docile, putassier du monde de l’art.  J’ai eu plus de mal à comprendre Stress à l’âge adulte qu’enfant, j’ai été un peu perdu parfois dans la partie plus contemporaine sur ses atermoiements et sa relation avec Johanna.

A l’inverse j’ai apprécié les passages sur le quartier, ses amis , les fois où il laisse sa nostalgie, son mal être ou sa fragilité apparaitre. On voit également ceux qui s’accrochent puis s’éloignent une fois la réussite arrivée, ceux qui disparaissent brutalement. C’est une réflexion aussi sur la société, son animalité , ses manières de survivre, de faire face ou d’oublier. Et le principal souci de Stress est de ne pas oublier et rester d’une certaine façon scotché à son passé.

Comme dans un court métrage, on suit cette ville et ses habitants, l’auteur nous dresse un portrait ultra réaliste, vivant, percutant de la ville. Avec un style, une langue qui sonne vraie, qui bouscule, qui nous met en lumière la ville sous toutes ses coutures même les moins reluisants. Mis à part quelques moments où le passage d’une époque à l’autre m’a semblé un peu brutal , j’ai été capté par la force de l’écriture de l’auteur pour une ville que je découvrais à travers les yeux de Stress, son côté instinctif.

Découvrez Marseille, ses entrailles, ses gamins,  sa façade respectable et ses origines dans cette déambulation dans les  souvenirs de Stress, un premier roman déroutant, maladroit parfois, mais direct à l’image de la ville.

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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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