Cassandre: Presque le silence de Julie Estève
Apocalyptique, puissant comme d’habitude, Julie Esteve choisit un personnage cabossé par la vie: Cassandre. Une perte d’enfance brutale, un personnage en perpétuelle évolution. Le lecteur est plongé dans sa chair, sa tête, ses peurs. On la suit tout au long de sa vie.
Cassandre est terrifiée suite à plusieurs prophéties faites par un voyant ces épées de Damoclès vont façonner son parcours.
On passe d’un monde familier celui de l’enfance, l’adolescence à un monde de plus en plus glaçant. Monde violent à l’égard des animaux, de la nature, des hommes. L’histoire de Cassandre est encadrée par des scènes apocalyptiques que l’on peut interpréter soit de manière symbolique soit comme réaliste. Peu à peu, on ne sait plus si le monde tel que le voit le personnage est réel ou fantasmé.
On s'attache à ses pas, on se demande comment elle va s' en sortir, si elle va réussir à vivre, à voir le beau malgré ses peurs. Amour filial, maternel, amour d’adolescence pour Camille. Cet amour qui contrebalance les épreuves. Parenthèse enchantée comme sur l’île d’un éden perdu à Minorque. Peinture de l l'obsession, de la peur de la perte, de l’ombre qui colonise peu à peu l’espèce humaine. Écriture forte, sensorielle, âpre qui claque à nos oreilles, fait retourner le cœur, retenir le souffle.
Dimension à la fois tragique et humaine. Tension qui monde crescendo, est-on dans un bad trip ou une cruelle lucidité sur la vie humaine la déliquescence de notre planète? Mise en mot de la peur de perdre les gens qu’on aime. Véritable tour de force de nous faire passer par tous les âges de la vie et de sauvegarder malgré tout ce chaos l’espoir.