Imaginaire une photo quelques mots numéro 425 atelier bricabook

@ Fred Hedin

Elle se demandait ce qu'elle pouvait bien se dire depuis tout à l'heure, il y avait tellement bruit dans le pub, entre les rires, les sons des verres qui se posent ou s'entrechoquent. La télévision bloquée sur le match de rugby en direct et les vociférations des supporters. L'atmosphère était bruyante ce soir, encore plus que d'habitude avec la télé. C'était vraiment parce que leur bière lui rappelait l'Irlande et qu'il y avait une session de musique irlandaise en deuxième partie de soirée qu'elle était là.  L'ambiance serait plus cool tout à l'heure et elle retrouverait les habitués du jeudi soir comme Megan et elle.

C'était leur proximité qui avait attiré son œil vers l'extérieur, et la distrayait de l'attente de Megan qui était comme d'habitude en retard. Elle le savait pourtant , elle ne pouvait pas s'empêcher d'être en avance à ses rendez-vous. Alors même qu'elle détestait attendre, un paradoxe de plus de sa personnalité. Alors au lieu de ruminer et d'essayer désespérément de faire avancer les secondes sur son téléphone. Elle avait levé le  nez tout en restant à proximité de la porte pour faire signe à son amie à son arrivée. Pour l'instant leur table habituelle était occupée donc autant attendre au bar avec une guiness ça la ferait arriver.

Depuis tout à l'heure, elle scannait l'endroit, histoire de passer le temps, elle avait été attirée par la blancheur du manteau de la femme sous la lumière de la devanture, ça lui donnait un petit air de statue, face à qui était-elle? Sa nana? sa sœur? Sa collègue ? En tout cas, elles étaient classes sans être too much, de vraies Parisiennes comme dans les clichés des séries américaines. Chics, mais cool à la fois.

C'était drôle, on aurait dit qu'elles étaient coupées du monde, entièrement dans leur bulle , ça la fit sourire, un peu comme Megan et elle quand elle refaisait le monde. Elles étaient sans doute amies. En tout cas, ça discutait sec et vas-y les moulinets de la main , les grimaces, les tirages plus ou moins frénétiques sur la cigarette. Elles devaient bien se cailler d'ailleurs, car le printemps tardait à arriver en ce moment. 

Que pouvait-elle bien se dire? Le dernier potin de leur boite, une session commérage? Une rencontre importante dans leur vie? un projet qui leur tient à cœur? Un souvenir partagé qui remonte à la surface. Quelle pouvaient être leurs vies  à ces deux filles? Une vie cool, tranquille ou une vie de noctambule, étaient-elles mamans? Mariés? En solo? En pause d'un métier prenant?

Une vibration dans sa poche, elle sortit son téléphone, un message de Megan, je suis coincée dans le métro, mais je t'ai pas oublié j'arrive.

Elle sourit et releva la tête, les deux femmes avaient disparu, elles n'étaient pas rentrées dans le bar, elle ne saurait jamais ce qui avait agité leur conversation.

Comments

[Valérie s]

On a tous, je crois, un petit côté concierge, a observé les gens, leur imaginer une vie...alors cette attente dans un bar est bien mise à profit.

[Photonanie]

Ah ben zut alors on n'en saura pas plus 😉

[Antigone]

Fine observation 😉 mais quelle frustration au final !

[Adrienne]

des questions et encore des questions, à nous d'imaginer les réponses :-)