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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
2 janvier 2016

un récit épistolaire apocalyptique: lettres béninoises de Nicolas Baverez

Premier billet de l'année et c'est un coup de griffe pourtant au départ j'avais trouvé l'idée sympa.

Comment qualifier les lettres béninoises de Nicolas Baverez ?roman, essai ? En tous cas une fiction qui place la France en 2040 au bord de la ruine.  Un monde où Paris est une ville qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, autour d’elle de vastes bidonvilles, laissés à l’abandon et où règne le non droit. Une société française qui ne croit plus en elle-même, fragilisée par une série de guerre civile, religieuse et une élection qui a porté un parti d’extrême droite. Un vrai tableau d’apocalypse pas vraiment réjouissant en clair.

Le personnage principal Alassane Bono, est le directeur du FMI, le 1er africain à avoir été élu à son poste et qui a décidé de tenter un dernier plan de relance pour éviter la banqueroute du pays. Il a une admiration et un amour pour la France qu’il veut sauver malgré elle. Contre l’avis de sa femme, de ses proches conseillers, il s’embarque dont à Paris pour donner une ultime chance au pays. Il est en plein d’espoir et admire les valeurs, le potentiel de la France.

Le récit est construit sur une inversion, la force, l’inventivité, la jeunesse et la création viennent des pays émergents d’Asie, d’Afrique.  Les EU, l’Allemagne et le Royaume Uni ont subi d’importantes crises et l’Europe est sous le contrôle du FMI. Les exilés sont maintenant français en Angleterre, au Bénin qui apportent leur savoir faire et leur culture qui ne survit plus dans le pays. La vision de la France est extrêmement noire, plongée dans l’anarchie, des gouvernements fantoches de coalition, des comptes truqués, une administration pléthorique. Les banques, industriels ont fuit le pays à cause des impôts, la classe moyenne n’existe plus, il ne reste que les très riches exilés fiscalement qui aident leur ancien pays par des ONG ou fondations et les plus pauvres qui survivent par le microcrédit et la débrouille. Un monde en ruine à cause de l’égoïsme et de l’inconscience du système politique qui ne regarde pas la réalité du monde et de ses finances.

Ce pessimisme est de plus en plus important au fur et à mesure du voyage du personnage principal à l’exception de l’oasis à Lyon, ville modèle et des personnages secondaires comme le médecin à Paris ou son garde du corps français. J’aurais aimé plus de nuance ou de développement sur la population et pas seulement les délires de la haute sphère du pouvoir. La fin est un peu trop prévisible et le changement du personnage caricatural. A l’inverse, j’ai apprécié l’image positive donnée des pays émergents, de la jeunesse, de la vision que les enfants du personnage principal donnent du monde. Par contre, je me suis interrogée sur les ambitions de l’auteur, est une dystopie? un plaidoyer politique pour plus de responsabilité ? Une volonté de prise de conscience ou une dénonciation d’une politique actuelle ? C’est ce qui m’a un peu gêné dans cette vision catastrophiste que je ne partage pas. J’aurais aimé savoir quelle était vraiment l’objectif de l’auteur car je l’ai terminé avec un sentiment de malaise, gâchis mais peut être est ce le but pour pousser le lecteur dans ses retranchements et le faire réfléchir.

Le récit est original dans sa forme car dès le début on comprend qu’il est un hommage à Montesquieu et ses lettres persanes comme le souligne le titre. Cet échange épistolaire entre le personnage principal et ses proches est intéressant à suivre pour comprendre l’évolution et les motivations du personnage. Le style est clair efficace, mélange d’anticipation, de possible et d’imagination. C’est un récit bien construit même s’il est catastrophiste et  j’espère qu’il ne sera pas prophétique.  Finalement,  je n’ai pas adhéré à ce livre, les pessimistes applaudiront et les optimistes comme moi se consoleront en se disant que ce n’est que de la fiction et une réécriture moderne et réussie des Lettres Persanes de Montesquieu.

PS: Merci aux éditions livre de Poche de m'avoir permis de le découvrir.

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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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