Pause salutaire: l'iguane de Mona de Michael Uras

Je lis depuis quelques années, les livres de Michael Uras, ce que j’apprécie: c’est le mélange de mélancolie et d’imaginaire qu’il déploie dans ses récits. D’un détail, avec un personnage principal attachant ,  il délivre derrière ses mots plus qu’il n’y parait.

Ici on suit Paul, marié à Kate, une universitaire brillante fan de Corneille et papa de Milan, un petit génie qui sait tout sur tout. Il a une vie plutôt tranquille, il gagne bien sa vie et en dehors de ses insomnies et d’une dent qui le fait souffrir tout semble bien aller.

Jusqu’à ce qu' un rouage se grippe, suite à cela Paul se terre chez lui avec son chien Pomme. Il ne retourne pas au travail, Pourquoi ? on le découvre au fil des pages.

Le roman nous amène à nous interroger sur le poids du passé, de la violence. Notre société qui pousse à bout, le travail qui peut broyer, écraser, pousser à consommer en permanence. A travers Kate et son amour des livres, on côtoie Supervielle, Zola mais aussi l’art, Kate souvent agaçante quand elle ne voit pas vraiment son mari.

Paul est fasciné par un endroit l’île de Mona où des iguanes les plus paresseux du monde se dorent la pilule au soleil. C’est une sorte d’idéal pour lui, un monde sans décision, à l’arrêt.

On retrouve l’écriture symbolique de l’auteur avec la pluie qui tombe sur le personnage, son obsession par rapport à des larves qui rongent sa maison, la vie de Pomme son chien comme un miroir à la sienne. On éprouve de la tendresse quand il va voir la musicothérapeute, ses danses avec Mme Ricci et sa vie de «  danseur taxi ». Vous découvrirez en quoi cela consiste en lisant ce récit. On a volontiers envie d’étranger son voisin, Philippe le cycliste émérite qui espionne tout  le monde. Parfois envie de secouer Kate pour qu’elle se rende compte que quelque chose ne tourne pas rond.

La mélancolie comme dans son précédent roman règne, on retrouve aussi un peu de folie par moment autour de certaines obsessions du personnage.

J ai beaucoup aimé Paul, ses fêlures, ses drames intérieures, sa volonté de reprendre le dessus, son utilisation des mots pour se protéger, créer des histoires. La vision de conteur du personnage m’a émue comme son mal être. La relation aussi qu’il construit aussi avec son fils, son amour et son admiration pour sa femme. Sa volonté de ne pas reproduire les choix de ses parents.

Au fil des pages, on se demande comment Paul va s’en sortir et pourquoi il est comme ça, plus on apprend à le connaitre et plus on l’apprécie.

Un roman original, étonnant, profond sous une fausse légèreté qui fait réfléchir à notre société moderne, sa violence et la difficulté parfois de se rendre compte qu’on s’est soi même enfermé dans un cagibi, une prison.

Voilà une fois de plus le style et l’imaginaire de l’auteur a opéré son charme sur moi, j’ai aimé être bercé par ses mots, découvrir Mona et accompagner Paul dans son cheminement personnel.

Donc ouvrez les pages pour découvrir ce faux héros qui est en tout cas un homme extra Paul et rêvez avec lui de Mona.

Comments

[Geraldine]

Je ne connaissais ni l'auteur ni le titre, mais tu me donnes bien envie de passer un moment avec le personnage de Paul ! Je note !

[Antigone]

C'est un auteur qu'il faudrait que je recommence à lire ! ;)