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le blog d'eirenamg : 1 gourmandise à partager: la lecture
2 juin 2021

Emprise:la claque de Nicolas Robin

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Ce récit est glaçant, c’est celui d’une violence sourde, d’une emprise.  Marylene est une femme sûre d’elle, brillante et élégante qui travaille dans le milieu de l’édition. Elle forme un couple parfait avec Jean-Mi, agent immobilier de la défense, sportif et papa poule pour Antonin , un petit garçon plein de vie et de pourquoi. Ce bonheur vacille un soir à la suite d’une gifle.

La réussite de l’auteur est de nous faire réfléchir à travers leur histoire à la violence souterraine, la mécanique qui se met en marche quand on est battu. La surprise, la honte, la douleur, les mensonges pour cacher ses faiblesses. La volonté d’être parfait, de se rebeller parfois contre les coups qui pleuvent sans raison. Le lien tordu qui se crée avec son bourreau à coup de caresse et de sexe, de culpabilité et la peur de perdre son enfant. L’auteur nous fait également voir la difficulté d’être un homme pas dans les codes de la masculinité car c’est Jean-Mi qui est battu par sa femme. Il a doublement honte car il a peur qu’on le juge, qu’on se moque de lui. Lui qui a toujours refusé d’être un macho, qui refuse le choix de la violence et de cette masculinité toxique qu’incarne son père ancien militaire froid et aux méthodes d’éducation particulièrement sadique ou son boss qui profite de son charme pour conclure des affaires immobilières avec les vieilles dames, de sa place pour harceler les petites jeunes.

J’ai adoré le personnage de Jean-Mi, j’ai eu du mal à le laisser partir à la fin du récit, papa poule affirmé, qui essaye de toujours faire attention aux autres, à sa mère qui est fan de télénovela brésilienne, à Antonin qui est la prunelle de ses yeux. Pour qui il veut être un modèle, un homme bien et qu’il prend le temps de regarder vivre. C’est pour lui qu’il endure la méchanceté, les coups, pour ne pas perdre de vue ce petit bonhomme.

Les passages sur la paternité, le lien qu’on crée avec un enfant sont magnifique. Jean-Mi reste aussi car il aime Marylène, ça a été un coup de foudre entre eux et il a dû mal à admettre la face sombre et le plaisir qu’elle prend à le taper. Jean-Mi est à la fois un roc pour ses amis, sensible, il ne veut pas céder à l’appel de la violence en faisant du mal à celle qu’il aime même s’ il pourrait lui faire cesser ses coups. Il n’ose le dire à personne lui le rugbyman, l’homme qui est un modèle de couple pour ses potes.

Finalement ,une rencontre improbable celle avec sœur Solange bouleverse sa vie, elle  fait la quête sur le parvis de la défense, il va d’abord avec des pointes d’humour puis avec sincérité déballer le secret et la honte qui le tenaille. Ce mécanisme de la honte, de la difficulté de parler alors qu’on incarne le sexe fort, le bourreau en général de l’histoire, celui qui ne doit pas incarner la victime est bien analysé. Le personnage de la sœur avec ses maximes, sa bonne humeur est la bulle de légèreté de l’histoire tout comme Antonin personnage solaire, adorable qui voit Jean-Mi comme son héros.

Le livre n’est pas là juste pour inverser les rôles ou minimiser les violences faites aux femmes mais démontre que la violence n’est pas genrée qu’elle frappe aveugle, sourde. Qu’elle est une source de destruction de sa victime, une volonté d’annihilation et que quand celle-ci essaye d’en parler, d’en sortir soit elle n’est pas crue, soit elle s’expose à pire.

Ce livre m’a profondément touché par sa profondeur, son alliance subtile entre ombre et lumière, je préfère définitivement quand l’auteur est dans ce style là, en équilibriste sur les émotions. J’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans  je ne sais pas dire je t’aime. Avec une petite touche de folie avec le personnage de la sœur Solange, d' une folie passagère.

Un livre qui donne la parole aux victimes, qui fait réfléchir sur la violence et la force de dire, de se sauver. Un livre d’amour, un hommage à la parentalité et à l’humanité avec un grand H. Jean-Mi est un homme qu’on aimerait bien croiser dans le réel. Un livre qui va tirer les fils de nos entrailles et qu’on termine sonnée mais contente d’avoir ouvert.

Ps: vous comprendrez la photo en lisant le roman.

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Commentaires
A
Et bien tu m'as donné très envie de le lire car avec le style de Nicolas Robin le sujet doit être effectivement habilement traité.
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  • Boulimique de livres, amatrice d'émotions, à la découverte sans cesse d'univers littéraire et d'auteurs, j'adore partager mes coups de coeurs et les livres qui m'ont chamboulés. Plonger dans de nouvelles histoires et avoir des livres en stock.
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