Miroir: Nous, les Magnifiques de Julie de Lestrange

Nous, les Magnifiques est le 3^e ouvrage avec la même bande de personnages mais ils peuvent se lire indépendamment. On retrouve donc Alexandre comme narrateur principal, sa femme Sophie, et son père Claude.  On côtoie à nouveau Marco le meilleur ami d’Alexandre et cousin de Sophie, Anouk la sœur d’Alexandre.

Ce petit monde est confronté à la quarantaine, aux doutes à ce mi temps de l’existence. Alexandre a abandonné ses rêves de journaliste pour monter sa propre boîte, Sophie ne sauve pas le monde mais elle est vacataire dans un service public. Seul Marco et Anouk ont gardé leurs idéaux. Claude est à la retraite et une rencontre bouleverse sa vie.

L’auteur avec délicatesse, a toujours le don de faire le portrait d’une génération, ici celle de l’entre deux pas encore vieux, mais plus jeune non plus. Qui se rend compte des sacrifices pour le mieux être, le train de vie pour réussir. Comme des hamsters dans leurs roues et puis la vie se charge de rebattre les cartes. Elle montre aussi l’évolution des liens qui changent de parents à adultes et le chamboulement parfois brutal de l’adolescence.

Elle n’épargne pas ses personnages qui sont confrontés  au chômage, la maladie, la perte de repères, et qui doivent se remettre en question. Les 2 enfants d’Alexandre et Sophie : Nathan et Juliette, 2 grands ados jugent parfois durement leurs parents ou sont indifférents,  ils sont les témoins des hésitations de leurs parents. Ils ont d’autres rêves comme Juliette qui veut avoir un vrai impact sur la planète. La place des parents, l’amour important qu’a Alexandre pour son père, le passé qui parfois recogne à votre porte sans crier gare, la place dans le couple. Tout cela est traité de manière réaliste et en étant dans la tête de chaque personnage.

J’ai été touché par les prises de conscience des personnages, leurs évolutions, leurs doutes. Le temps qui passe, le fait de mieux comprendre ses parents, le décalage avec ses ados qui nous renvoient à nos propres contradictions. L’assagissement de Marco, la fragilité et la luminosité d’Anouk m’ont touché. La question de la maternité voulue ou non, de la filiation et de la transmission est au cœur des mots. L’auteur réussit à brosser un tableau fidèle de notre époque sans jugement mais avec empathie avec des personnages qui ne sont pas des super héros mais des personnes qui essayent de bien faire avec leurs passés, leurs angoisses et leurs rêves. La peur de ne pas s’en sortir, le pessimisme d’Alexandre, sa volonté d’être fort au moment où tout chavire est émouvante.

Comme pour le précédent, ce livre restera dans ma mémoire, comme une photographie indirecte de ma vie, la découverte du yoga, la prise de conscience écologique. C’est marrant comme Julie de Lestrange arrive à toucher dans le mille avec ses personnages. Les moments où la nature est présente m’ont rappelé le chalet du premier roman et la fin du précédent. Ce besoin de se ressourcer, d’accepter le temps qui passe comme lors du lever de soleil chez Marco.

Donc découvrez un livre générationnel qui correspond bien à notre époque entre ombre et lumière, qui vous fera passer par une série d’émotions. Un livre miroir qui fait du bien, partez à la découverte de Nous, les Magnifiques. Car ils le sont vraiment ces personnages.

Comments

[Antigone]

J'ai lu les deux premiers et comme toi, je trouve que c'est générationnel. Je me laisserai sans doute tenter pour ce troisième volet ! ;)