choc: les enfants endormis d'Anthony Passeron

Un récit  double, celui de l'histoire de la lutte contre le sida, son apparition, ses tentatives pour comprendre son fonctionnement et  pour trouver un traitement efficace à cette maladie inconnue. Mais aussi le récit d'une famille que le sida va percuter, bouleverser. Il va remettre en cause la place de celle-ci; de l'héritage de la boucherie, détruire un de ses membres en proie à l'addiction: Désiré.

Ce roman est intéressant, car non putassier , avec la vision plus scientifique, il  met 1 contrepoint à l'intime, à l'horreur de cette maladie pour les malades et leurs proches, à la tragédie en plusieurs actes qui se déroule. Elle permet de prendre un peu de recul et de voir comment l'apparition du VIH a bouleversé la société, la communauté scientifique, les peurs associées à cette maladie des marginaux: les toxicomanes, puis associés aux  homosexuels. Cette vision réductrice explique d'ailleurs le retard dans la prise de conscience de la maladie par les pouvoirs publics américains et français.

Cette famille, celle de l'auteur,  qui s'est élevée par l'effort,  voit les cartes rebattues et doit faire face à la peur, aux non dits sur les malades. Elle disloque le père taiseux, la mère fière et le frère qui s’est toujours sacrifié. Elle oscille entre espoir et résignation, attente, examens.
Indifférence, course à l'ego entre scientifiques américains et français, la peur autour de la maladie est bien retranscrite. L'auteur met en avant les scientifiques et leur travail héroïque Françoise Barré Sinoussi, Luc Montagnier, Willy Rozenbaum, Jacques Leibowitch, Françoise Brun Vézinet, Jean Claude Chermann, David Klatzmann.

On voit l' horreur dans l'aveuglement de l' état avec le sang contaminé. L'auteur replace son histoire familiale dans l'histoire des années 1980 et les ravages du Sida. Il fait prendre conscience que ce mal est toujours là et frappe toujours. Une famille forte, mais qui ne sera pas épargnée, une voix à la fois cinématographique et singulière comme le titre. Un livre nécessaire qui fait œuvre de mémoire sur cette épidémie et celle de maladie qui, même si elle est mieux connue, contamine encore.Un 1er roman marquant à faire découvrir.