Variation sur le réel Un certain M. Piekielny François-Henri Désérable
Le roman est une ballade avec l’auteur dans sa vie, celle de Romain Gary :son auteur favori et un personnage d’un livre qui l’a marqué : Mr Piekielny dans la promesse de l’aube.
A la fois enquête, fiction, autofiction, biographie, autobiographie, l’auteur se joue des codes et s’interessent à la fois à la vie de Gary et à la sienne. Rejoue ou invente certains épisodes du grand écrivain comme de sa vie, en distillant des informations réelles, des dates, des évènements et des lieux.
On se promène avec lui en Lituanie et à Vilnius, à Venise, au Mexique, à Paris, Londres, aux EU. Autant de lieux qui peuplent ses réflexions sérieuses sur l’écriture, la 2nde guerre mondiale, le génocide et beaucoup moins quand il se moque de lui-même ou essaye de retrouver la vraie vie du personnage. Il se moque de la difficulté d’écrire, de la réalité.
Avec une écriture vive, ironique, qui mêle références littéraires, name dropping ou plus soutenue,il joue avec les mots comme avec la vie de ses 3 personnages : Piekielny, Gary et lui-même. Il est tantôt intéressant, agaçant par certaines digressions, il fait un numéro d’équilibriste qui prend notamment dans la ballade à Vilnius où il essaye de ressusciter la ville d’avant guerre, Venise, dans ses interrogations sur Piekielny, un peu moins sur le passage à Londres et ses élucubrations autour de la rencontre avec De Gaulle, le dîner avec Kennedy.
Exercice de style, de narration, amusement et sérieux se côtoient dans le récit, n’étant pas une afficionado de Gary je n’ai pas goûté à toutes les allusions autour de l’auteur, de sa vraie vie ou de certaines œuvres. Mais j’ai aimé retrouver Gogol et ses réflexions sur l’impact d’une lecture quand il décrit sa découverte des promesses en pleine manif étudiante du CPE.
Le 2nd degré est aussi plaisant même si il est parfois à la limite du nombrilisme. Des photos illustrent cette quête symbolique et réelle de Gary, l’auteur lui fait une déclaration en quelque sorte et fait preuve d’ingéniosité dans son approche de l’autofiction.
Même si j'ai passé un moment agréable de lecture à côtoyer le personnage de Gary, celui ci s'efface parfois trop derrière les jeux de mots. A l'inverse, la restitution du Vilnius, de la vie de ce personnage réel ou de fiction de Pikielny est vraiment bien faite, émouvante et ces passages là m'ont ravis. Donc découvrez cette quête improbable du romancier.