Ombres lumineuses : des mirages plein les poches de Gilles Marchand
Si ce recueil était un film, on dirait ici qu’on a un préquel de l’univers de l’auteur. Les germes de ces deux premiers romans une bouche sans personne et un funambule sur le sable. On retrouve Lisa au bar mais pas la même que celle d’une bouche, une dame et son chien, un violon qui n’en est pas un, les Beach Boys, des poubelles qui ont un rôle particulier dans les récits.
Pour découvrir l’univers de l’auteur, ce recueil permet de plonger dans le mélange de folie et de réalisme de son écriture, d’imaginaire et de réflexion.Pour ceux qui apprécient déjà cet univers, vous le retrouverez en concentré dans ces mirages.
Le titre convient bien à ces multiples récits, plusieurs halos, histoires qui apparaissent et s’effacent au fil des pages pour faire place aux suivants.
Des doux dingues, des sourires, de la mélancolie, des « supers héros », des objets cassés, des hommes ordinaires et de la musique au fil des pages. Ecrites à la première personne, avec une nouvelle où le narrateur est extérieur, l’auteur nous dévoile ces hommes aux prises avec le passé, leurs histoires, leurs rêves, leurs solitudes.
Il réussit à faire exister cette bulle narrative, à étonner en quelques pages, de nouvelles en nouvelles. Mention spéciale pour un café et une guitare, les chaussures qui courent vite, deux demi-truites, 90 watts, en homme responsable, rappel, adieux pneumatiques dont les récits m’ont particulièrement touché.
J’ai aimé traverser ces mirages, être souvent surprise, me demander comment l’auteur allait retomber sur ses pieds. Mais comme un funambule, avec cohérence l’auteur glisse sur le fil de l’imaginaire et du réel. Ce recueil confirme l’univers singulier de l’auteur qui fait mouche aussi en format court.
Finalement, ces mirages n’en sont pas car ils atteignent leurs objectifs : émouvoir le lecteur. Les récits sont nostalgiques, avec une part sombre et d’ombres, des mauvais génies éclairés par la fantaisie de l’écriture de l’auteur. J’apprécie toujours autant son écriture symbolique que le lecteur interprète. Cette volonté de rendre le réel acceptable grâce à la folie des mots, à l’imaginaire.
Bravo à Gilles Marchand, qui va vraiment finir par me faire aimer le format court.