Emouvant: les ronces de Cécile Coulon

Je lis peu de poésie et les rares fois où j’en lis je ne sais pas forcément le chroniquer mais là je vais faire une exception. Dans ce recueil, le premier de l’auteure, on retrouve l’univers minéral, la force des paysages, celle de la nature mais aussi la violence des sentiments de son écriture.

On alterne entre colère, amour, douleur, famille, solitude mais aussi le temps qui passe comme dans un exil intérieur. A la première personne, elle dévide ses pensées, douleurs, ses moments qu’elle grave sur la page, fixe pour l’éternité. Souvent elle a un ton mélancolique, parfois elle évoque le quotidien comme avec les poèmes j'aimerais vous offrir des frites ou le buffet de la gare.

J’ai été touché par la nostalgie du  pays de l’enfance, le paradis perdu qui se nomme ici Eyzahut et que l’on retrouve ponctuellement. Ce sentiment de ne pas toujours être à sa place, d’être  dans un lieu où on ne devrait pas être, cette impression d’avoir 1000 ans et d’être plus âgé que son âge. Tantôt long, tantôt plus rapide, ses poèmes et leurs petites musiques figent un instant, un sentiment. La sincérité, le côté à la fois brut et fort du style m’ont plu, comme les personnifications, les images,  la présence viscérale, l’attachement à la terre faite de volcans et de montagne.

L’arrachement à la nature a fait écho à la tristesse que je ressens quand je m’éloigne des terres auvergnates de mon enfance. La solitude, l’attente, le temps qui défile sont d’autres motifs sur la toile poétique de l’auteure, qui a évoqué en écho lointain dans ma mémoire l’horloge de Baudelaire et son spleen. Mais il y aussi une force, une rage, une animalité qui surnage aussi, une passion, cette passion des mots, des gens, de la vie en somme.

L’écriture poétique de l’auteure acquiert une grâce par son caractère universel et intemporel et fait écho à l’écriture romanesque que j’avais aimé dans trois saisons d’orage.

Une belle découverte que ces ronces qui piquent parfois aux coins des yeux, brûlent, font vivre un instant suspendu et nous sentir vivant.