Souvenirs: Aulus de Zoé Cosson

Aulus est un premier récit nostalgique de la narratrice qui se retrouve parachuté avec son père dans un petit village des Pyrénées qui donne son nom au livre. Elle décrit la nature, la découverte de ses habitants, le temps qui s’écoule différemment. Elle décortique la relation avec son père, à la fois aimante et faite d’opposition.

A la fois sur un ton nostalgique avec la transformation du village de l’âge d’or à aujourd’hui, léger, parfois plus grave, la narratrice délivre un récit intimiste et universel dans ses réflexions sur la nature, les relations humaines. Un troisième personnage s'invite c'est l’hôtel et la nature alentour qui recèle des trésors, une sorte d’immuabilité, un réconfort qui fait écho aux vieilles photographies que la jeune fille découvre dans un livre sur le village au siècle dernier. Les passages en italique décrivent les personnes du village de cet album.

On remarque la menace de la pollution, de l’argent, les ravages associés à la mine face au calme, aux fleurs que cherche la jeune fille.Comme dans une plongée nostalgique de l’enfance, la narratrice réussit à nous faire remonter aux sources à ressentir la liberté, l’insouciance, l’amour qu’elle a pour ce lieu. Cette pause dans sa vie qui lui a fait de beaux souvenirs.

Ecriture photographique, narration à travers les yeux de cette jeune fille qui pédale et parcoure avec bonheur les chemins de cette montagne à la fois protectrice, dangereuse, figée et vivante. On dévore les paysages comme elle, ramasse des fleurs, papote avec les gens comme Pierre. On voit les vieux du village faner, partir. Le bouillonnement électoral, les rancœurs légendaires qui ressurgissent. La folie de Nicole, le fait de se faire accepter par les gens se déroulent sous nos yeux.

J’ai passé un  bon moment de lecture grâce à ce récit, il fera écho à un lieu que vous avez gardé en mémoire et que vous associez à votre passé. Donc découvrez Aulus et ses mystères.

Citations:

"Aulus s'appréhende comme la montagne, comme un ensemble d'accidents, de pans qui se succèdent et se cachent les uns des autres. On ne peut pas saisir Aulus d'un seul regard, on le découvre dans l'effort de la marche, à l'échelle du corps, par bribes, et il faut ensuite recoller mentalement ces morceaux pour en fabriquer une image".

"En août, le village est une fièvre, un bouquet. Une odeur d'herbe fraîche et coupée remue l'air, emplit les rues. Les géraniums débordent des pots. Tout frémit et ondule, tout se gonfle de rires et de joie, de lumière verte, luisante."

 " La mine est enterrée à 10km d'Aulus à vol d'oiseau, juste derrière Salau. C'est une tombe sans fleur, sans croix, sans corps. Un trou béant à l'intérieur.[...] Mon cerveau produit des bruits de concassage, de broyage, des images de dégagements de poussière à l'intérieur et un paysage de tractopelles à l'extérieur, les allers-retours des machines, des bip bip bip et des cancers."