Ombre blanche atelier bric à book numéro 51
© Anselme
Dans ce paysage crépusculaire, presque enchanté, le monde devenait mystérieux. La moindre forme de pylône, poubelle ou lampadaire semblait bardé de pouvoir magique sur ma gauche. A ma droite, le paysage comme ici devenait mystérieux, les arbres semblaient prendre vie.
C’était splendide à voir, le froid vif du matin avait disparu pour laisser une ambiance pelucheuse, étrange avec le brouillard. Je contemplais cette vue comme une enfant devant le sapin et décidais d’immortaliser l’instant. Mais la photo ne rendait pas compte de la réalité de cet instant, cette impression de fin du monde, d’avoir l’espace et la rue comme terrain de jeu. De l’envie de s’imaginer à une autre époque et d’écouter le pas des chevaux, les crieurs de rues et leurs journaux.
Où était-on ? Nul ne le sait, tout ce qui est familier, banal, quotidien a disparu. Etrange atmosphère et ambiance qui colle bien à la fin de l’année.
Le temps s’est dérobé, certains espoirs se sont enfuis et le reste est encore possible, cette année à venir n’est pas encore écrite et pleine de promesses. Faire des vœux inutiles ? Attendre qu’une année de plus passe ? Faire l’autruche ? Tant d’attitudes possibles en ces derniers jours de décembre. On aurait dit que le temps aussi voulait faire une pause, ne pas basculer définitivement dans l’hiver, le froid, la neige. Encore le soleil qui essayait de faire des siennes et d’un coup vers 17h comme ici et il abdiquait pour laisser la place à son fantôme cette ombre blanche qui magnifiait le paysage.
C’était comme si la nature s’amusait à jouer à des et si, comme quand on se retourne sur sa vie et que l’on commence à faire les bilans. Et si je n’avais pas fait ce choix, si je n’avais pas rencontré cette personne ma vie serait elle meilleure ? Sauf que si on s’amuse à modifier un fil dans la pelote on détricote tout car même les mauvais choix paradoxalement aboutissent à d’autres plus pertinents.
Et si pour une fois, pas de questions, juste se poser 2 secondes avant de rentrer. Se vider la tête et laisser son imagination vagabonder avec les fées, les lepréchauns, les aurores boréales, la verte Irlande. Voyager loin du quotidien, du prévisible, de la routine. Après tout l’imagination ça ne fait pas de mal, parer le monde de couleurs et de mystère pour essayer de le supporter. Et cette ombre blanche que pouvait elle être ? Un esprit, le passé, un bon génie, l’annonce d’un changement ? Un nouveau départ? Un espoir? Une lueur? ou tout simplement la beauté d'un instant en tête à tête avec soi même magique et rare qui invite à rêver le monde autrement.
©eirenamg