Partie d'échec Hôtel Waldheim de François Vallejo
Hotel Waldheim joue sur les faux semblants, les souvenirs, les doubles vérités comme la mise en abîme et le double miroir de la couverture.
On suit un écrivain Jeff Valdera, heureux, marié content de lui, il reçoit au début du roman des cartes postales, d’un vieil hôtel qu’il a fréquenté entre 14 et 16 ans en Suisse à Davos avec sa tante. Il avait complètement oublié cette période et ces trois semaines du mois d’aout jusqu’à ce qu'un certain F. Stiegl s’amuse à le titiller sur ses souvenirs.
On assiste ensuite à un véritable duel de mot, psychologique qui comme le narrateur doute a-t -il vraiment vécu ça ?Ses souvenirs ne se sont-ils pas reconstruit suite aux sollicitations ? Pourquoi avait-il zappé cette période et les gens qu’il a croisé à ce moment là ?
Herr Meilli, l’hôtelier suisse courtois, Mme Finkiel la vieille dame fan de Thomas Mann et qui lui a fait découvrir le pouvoir des mots et de l’imaginaire,la vieille Rosetta et ses chantonnements, la montagne de viande des grisons, les atermoiements de sa tante. Peu à peu, il reconstruit sous nos yeux ses vacances, son adolescence, sa bêtise, son effronterie, ses envies.
Mais si tous ses souvenirs n’étaient pas totalement vraies, s’ il s’était passé quelque chose de plus comme le souligne la première carte, derrière la présence de certains clients, lui qui les voyait tous comme des vieux, des bourgeois, à l’exception de quelques uns. Finalement, ses parties d’échecs, de jeu de go, ses visites cette année là, les scènes auxquelles il a assisté peuvent avoir une double lecture c’est ce que lui suggère l’expéditeur des cartes.
Véritable réflexion sur la mémoire, l’imagination, le point de vue, question sur la vérité et le mensonge, l’interprétation, est-il le jouet d’une force plus grande ?
Retranscription magistrale des années 1960-70 , véritable jeu de dupes, comme dans un bon film d’espionnage, comme le narrateur on se met à douter, de lui, de l’époque, des témoignages, des clients et du catalyseur de cette remontée de souvenir.
Les chapitres sont introduits par une pièce d’échec à la place des chiffres et effectivement comme des pions l’auteur joue avec nous, avec l’alternance passé-présent, l’affrontement des personnages, leurs sensations, leurs contradictions. Il s’amuse sur l’histoire, la vraisemblance, l’époque trouble de l’adolescence.
Il passe d’une langue claire à celle volontairement biaisée et bourrée de faute de l’auteur des cartes. La question de la traduction, de la volonté de reconstruire un fil, une hypothèse crédible à ce qu’il s’est déroulé cet été là est au coeur de l’intrigue.
Première découverte de cet auteur et j’ai apprécié ce jeu de dupe, cette manipulation, de passer de la grande à la petite histoire, d’alterner les points de vue,